Dans mon travail lié à l’univers des chantiers, la signalétique a pris place à de nombreuses reprises : Cônes de signalisation, rubalise, chaînes d’avertissement rouges et blanches, panneaux routiers divers, tous traduits en céramique, sont entrés à diverses reprises mon vocabulaire de formes.
Avec le projet pour l’étang Lacroix Lamirault s’ouvre l’opportunité pour moi de m’intéresser au balisage en mer et dans les ports, avec ces objets flottants signalant un danger, marquant une route, guidant les marins.
Transposés dans un lieu qui n’est ni la mer, ni un port, et de surcroît interdit à la navigation, ces balises de taille réduite deviennent un quiproquo, un malentendu. Traduites en céramique, elles deviennent des objets précieux et de ce fait encore plus incongrus.
Par leurs formes et leurs couleurs, elles présentent un aspect ludique. Tels les pions d’un échiquier ou les plots d’un parcours de motricité sur l’eau, elles nous renvoient à l’univers du jeu, de l’enfance. L’œil du promeneur circule, flotte entre ces balises, s’inventant un parcours, rêvant un voyage. Par la présence de ces objets, l’espace se transforme. Le titre de l’œuvre « Tribord-bâbord » ne fait que renforcer cette idée de jeu.
Parfois proches de la réalité, ces bouées dévient aussi vers l’imaginaire, se parent d’autres formes, d’autres couleurs.
Disposées sur l’eau pour créer un chenal fictif, elles composent un dessin dans l’espace et en cela situent l’œuvre à la jonction de la sculpture et des arts graphiques.